La tempérance d’abord, parce qu’elle nous laisse le sang-froid et la lucidité, si nécessaire pour tenir continuellement notre attention en éveille sur les anciennes habitudes et sur les tentations incessantes.
Cette vertu acquise, le silence devenait plus aisé ; je l’avais mis au second rang, parce qu’en me faisant avancer dans la vertu, il me permettait d’augmenter mes connaissances ; j’ai toujours remarqué, en effet, qu’on apprend beaucoup plus en écoutant qu’en parlant, et je voulais, en outre, me défaire de l’habitude de babiller, de faire des pointes et des plaisanteries qui ne pouvaient me rendre admissible que dans des compagnies frivoles.
J’avais placé ensuite l’ordre, espérant qu’à l’aide de cette vertu et du silence, je pourrais donner plus de temps à mes études et à mes projets. La résolution, une fois passée en habitude, devait me tenir ferme dans mes efforts pour acquérir les autres vertus. La frugalité et le travail étaient appelés à me délivrer de mes dettes, et en me procurant la fortune et l’indépendance, me rendrait plus facile la pratique de la sincérité, de la justice et des vertus suivantes.
Montrant son journal à un ami, celui-ci trouva son projet "formidable", mais lui suggéra d'ajouter une autre vertu soit - l'humilité. Benjamin Franklin a ri et a ajouté, la 13e vertu.
13. Humilité. Imitez Jésus et Socrate.
Conformément à ce que dit Pythagore, dans ses vers d’or (Golden versets), je crus qu’un examen de conscience était nécessaire chaque jour, et, pour me diriger dans cet examen, j’inventai la méthode suivante.
Je fis un petit livre *daté du dimanche 5 juillet 1733+ dans lequel j’assignai pour chacune des vertus, une page que je réglai avec de l’encre rouge, de manière qu'elle eût sept colonnes, une pour chaque jour de la semaine, que je marquai de la lettre initiale de ce jour; je fis sur ces colonnes treize lignes rouges transversales, plaçant au commencement de chacune, la première lettre d’une des vertus. Dans cette ligne, et la colonne convenable, je pouvais marquer d’un petit trait d’encre toutes les fautes que, d’après mon examen, je reconnaitrais avoir commis ce jour là contre cette vertu.
Je me proposai de donner successivement une semaine d’attention à chacune des vertus.
Si seulement on se laissait inspirer par la détermination et la sagesse de certains anciens, "notre prétention aujourd'hui", dans nos temps modernes de se croire évolué, ne s'en porterait que mieux.
Lundi: Peut-on poursuivre nos apprentissages à tout âge?