Dieu merci, je ne m’étais pas fait mal, mais j’avais eu très peur. Je me mis à pleurer un peu comme pour absorber le choc. Puis, mon regard se posa alors sur la neige scintillante, que je voyais de beaucoup plus près que d’habitude, puisque je me trouvais au ras du sol.
Sous cet angle, je percevais tous les cristaux, dans leur structure fine et brillante. Étourdi par cette beauté quasi irréelle, j’en oubliai de pleurer et je commençai à examiner de plus près les figures géométriques compliquées que je décelai dans les cristaux.
Mes amis, inquiets, arrivèrent pour me porter secours. En entendant le bruit de leurs pas, je m’arrachai à ma planète irréelle, me raclai la gorge et je leur dis : « Hé, venez voir! J’ai découvert quelque chose de formidable! » Et je me replongeai immédiatement
dans ma contemplation. Mes amis étonnés s’approchèrent de moi. Bientôt, nous fûmes tous couchés dans la neige, très occupés à admirer les multiples facettes des merveilleux flocons de neige. C’était comme un conte de fées s’étant ouvert à nous.
Le soir à la maison, à table au souper, je racontai mes découvertes avec animation. Mon père saisit l’occasion pour me montrer un aspect caché de cette réalité. « Regarde Bernard »ce que tu as vécu peut t’apporter quelque chose de précieux pour le reste de ta vie. Aujourd’hui, tu as découvert la beauté de la neige, parce que tu l’as regardée d’une autre manière. Si tu t’étais immédiatement relevé après ta chute, parce que la glissade aurait compté davantage à tes yeux, ou bien si tu avais continué de
pleurer amenant ton attention sur la douleur, sans accorder d’intérêt à ce qui t’entourait, tu n’aurais pas su à quel point la neige est belle, et plus tard, tu n’aurais gardé qu’un souvenir négatif de cet événement. Mais parce que tu as su diriger ton attention sur autre chose que ta chute, tu as reçu un magnifique cadeau. Plus tard si tu es malmené par la vie, déçu ou blessé, souviens-toi de
cette histoire. Considère ton expérience négative sous un autre jour et demande-toi ce que tu peux y récolter.
Inspiré par un texte de Walter Lübeck