Le nombre des différentes vertus morales que j’avais vues énumérées dans les livres était plus ou moins grand selon  les divers écrivains qui comprenaient plus ou moins ce qu'étaient des vertus.

La tempérance, par exemple, était pour quelques-uns restreinte à la nourriture et à la boisson, tandis que d’autres l’étendaient à toutes nos passions physiques ou morales. Je me proposai, pour plus de clarté, d’employer plus de mots, avec moins d’idées attachées à chacun d’eux, et je classai sous treize dénominations toutes les vertus qui me parurent, à cette époque, les plus utiles; j’ajoutai aussi une courte maxime à chaque mot.
 
Voici ces noms de vertus avec leur maxime :

1. Tempérance (ou sobriété). Ne mangez pas jusqu’au point d’en être appesanti, ne buvez pas jusqu’à ce que votre tête en soit affectée.

2. Silence. Ne parlez que de ce qui peut être utile aux autres ou à vous-même, évitez toute futile conversation.

3. Ordre. Que chaque chose chez vous ait sa place, que chacune de vos affaires ait son temps.

4. Résolution. Prenez la résolution de faire ce que vous devez et exécutez ce que vous avez résolu.

5. Économie. Ne faites aucune dépense que pour le bien des autres ou pour le vôtre, c’est-à-dire ne gaspillez rien.

6. Travail. Ne perdez pas de temps, soyez toujours occupé à quelque chose d’utile. Supprimez tout ce qui n’est pas nécessaire.

7. Sincérité. Ne trompez jamais personne; que vos pensées soient pures et justes, et parlez selon vos pensées.

8. Justice. Ne faites jamais de mal à autrui, soit en causant une perte réelle, soit en le privant d’un gain légitime.

9. Modération. Évitez les extrêmes, pardonnez les injures, autant que vous pensez qu’elles méritent le pardon.

10. Propreté. Ne souffrez rien de malpropre sur votre corps, vos habits ou dans votre habitation.

11. Tranquillité. Ne vous laissez pas abattre par des bagatelles, ou par les accidents ordinaires et inévitables de la vie.

12. Chasteté. Livrez-vous rarement aux plaisirs de l’amour, n’en usez que pour votre santé, ou pour avoir des descendants, jamais au point de vous abrutir ou de perdre vos forces, et jusqu’à nuire au repos et à la réputation de vous ou des autres.

Jeudi: Être irréprochable à l'aide d'un code d'éthique 3e de 3

Benjamin Franklin à l'âge de 27 ans avait déjà un succès phénoménal. Il était brillant et cultivé. Un jour, il conscientisa que même avec ce succès, il n'était pas très heureux. Il vivait dans une certaine arrogance. Aujourd'hui, on lui appliquerait l'expression: "Le succès lui monte à la tête".

Il a donc décidé de reprendre sa vie en main et de se donner des outils, pour atteindre de nobles valeurs, à cette époque le mot utilisé était -des vertus.  Il avait fait l'élaboration de 12 de celles-ci. Voici ce qu'il a laissé dans ses mémoires:

C’est à cette époque que je conçus le hardi projet d’arriver à la perfection morale.

Vivre sans commettre, en aucun temps, aucune faute, maîtriser tout ce qui soit penchant naturel, soit habitude, qui tenterait de me faire succomber, tel est le but que je m’étais proposé.

Connaissant, ou du moins croyant connaître le bien et le mal, pourquoi n’aurais-je pas toujours pu faire l’un et éviter l’autre?

Mais bientôt je découvris que la tâche était plus difficile que je ne me l’étais imaginé. En effet, tandis que j’appliquais toute mon attention à éviter une faute, il m’arrivait souvent de tomber dans une autre; l’habitude tirait avantage de mon inattention, ou le penchant l’emportait sur la raison. J’en concluais qu’il ne suffisait pas, pour prévenir nos chutes, que nous fussions convaincus théoriquement qu’il est de notre intérêt d’être toujours vertueux. Nous devons affaiblir nos mauvaises habitudes et en acquérir de bonnes avant d’espérer, avoir une conduite ferme et régulière. À cette fin, je conçus la méthode suivante.

Mardi: Être irréprochable à l'aide d'un code d'éthique 2e de 3
 

Changer est un défi pour l'humain qui en soi se croit, un être d'habitude.

On n’en sort pas, deux éléments se confrontent quand l'on veut faire un changement: éviter d'en souffrir et en ressentir du plaisir.
Prenons l'exemple de quelqu'un qui fume et veut cesser. Pour cette personne, fumer est une source de plaisir, de détente, un moment à elle, etc.

Quand elle envisage d'arrêter, de prime abord elle pensera perdre cette source de plaisir. Dès la première journée, arrive le moment où elle allumait sa cigarette, mais pas ce matin. Les minutes passant, si sa motivation n'est pas ancrée, pas trop solide et ni bien sentie elle ressentira comme un vide intérieur. Elle éprouvera même une forme de douleur morale, car elle vivra le manque.

Avec le temps, si elle ne dépasse pas cette association de souffrance, il y a fort à parier qu'elle retombera dans ses vieilles habitudes. Pour elle, cesser de fumer n'est que manque, souffrance même si elle sait mentalement que d'arrêter aurait beaucoup d'avantages.

Prenons quelques exemples pouvant changer sa perception et son ressenti:

Si, elle redéfinit ce qu'est la santé et la cigarette n'en fait plus partie. Qu'elle se voit, se ressent déjà libérée de cette dépendance, respirant mieux, avec plus d'énergie, etc.

si, elle a des difficultés financières et qu'elle pensera que de ne pas fumer lui apportera une nouvelle aisance financière lui permettant de satisfaire certains autres désirs. Que déjà elle s'imagine dans cette nouvelle liberté financière et qu'intérieurement ça fasse...oui, j'en ai tellement envie;

si, elle a un nouvel amoureux qui ne voit pas d'un bon oeil qu'elle soit fumeuse. Qu'elle entrevoit cette nouvelle union avec confiance, étant libérée de ce frein à leur relation, etc.

Soudainement, la connexion liée à l'arrêt de fumée ne sera plus tournée vers un sentiment de perte d'un moment de plaisir, mais la cigarette sera associée à la perte d'une santé renouvelée qui la rendrait fière et tellement mieux dans sa peau, perte de liberté financière la restreignant dans ses choix, perte probable de sa nouvelle vie avec son amoureux, etc.  Donc, son sentiment de perte sera transformé parce qu'elle s'est créé de nouvelles associations lesquelles deviennent des sources de plaisir beaucoup plus importantes.

Elle ressentira du plaisir en devenant non-fumeuse.

Chaque fois qu'elle choisira de ne pas céder à ses anciennes habitudes, elle ressentira maintenant de la joie, de la liberté, du plaisir d'avoir pris en main sa vie. Le changement se fera facilement. Un jour, être non-fumeuse fera partie de son mode de vie, tout simplement.

Il y ainsi un processus similaire pour tous les changements, et ce, peu importe le niveau.

Lundi:  Être irréprochable à l'aide d'un code d'éthique

Être déçu implique souvent que la personne entretient des attentes ou qu'elle est incapable de donner à ses projets suffisamment de temps et d'efforts pour que les choses se mettent en place. Elle veut immédiatement que cette nouveauté ou ces changements se produisent dans sa vie.

Avoir des attentes implique le souhait non avoué que les choses se mettent en place comme par magie, à notre façon ou presque. Parfois, on les voit aussi comme un dû.

La déception est dévastatrice, si on la laisse s'installer. La personne se sentira abandonnée par la vie ou par la ou les personnes visées par ce à quoi elle aspire. Pourtant, la vie est la vie et beaucoup d'éléments sont hors de notre contrôle. Un lot d'expériences n'aboutissent pas sur la vision idéale qu'on s'en est faite, mais elles débordent d'enseignements.

Pour s'en sortir, voici quelques suggestions:

-Au lieu de ressasser votre "misère",  trouver ce que cet événement peut vous apprendre sur vous, ce qui pourra vous aider dans le futur.

-Puisque les projets entretiennent votre élan de vie, vous pourriez vous fixer de nouveaux buts en vous assurant, autant que faire se peut, que vous vous donnez les moyens d'aller de l'avant. Observez ce faisant, comment les enseignements des anciennes expériences n'ayant pas porté les fruits attendus sont devenus source de nouvelles perspectives. Gardez toujours à l'esprit que vous ne pouvez tout contrôler. Par ricochet,  vous faites tout votre possible et il se peut que ça ne se réalise pas. Si tel est le cas, vous aurez toujours la satisfaction d'avoir osé, et ce, de votre mieux.

-Prévoyez un temps réaliste afin de mener à terme vos projets. Le temps prend souvent son temps. Laissez place à l'inattendu. Savourez ces périodes d'attente au lieu de pester.

-Cultivez votre confiance tant en la vie qu'en vos possibilités de vous construire un présent et un futur stimulant.

Rappelez-vous toujours ces paroles de Aldous Hukley:

"L'expérience n'est pas ce qui arrive è un homme; c'est ce qu'un homme fait devant ce qui lui arrive".

Jeudi:  Transformer la résistance au changement

Évocateur comme introduction et juste, puisqu' il y a bel et bien un effet punitif lié au perfectionnisme.
 
Les personnes constamment en recherche de perfection, sont punies non pas pour leur quête de perfection , mais bien par elle puisqu'elles sont, ce faisant, privées de satisfaction et de créativité.  Même quand elles atteignent le but qu'elles se fixent, y a toujours un  -quelque chose-  qui les empêche de se réjouir pleinement ou la satisfaction n'est que très superficielle et éphémère.

En réfléchissant quelques secondes, nous serons sans doute en accord que la vie est très exigeante par différents défis d'accomplissement qu'elle nous présente régulièrement. Ce qui demande que l'on s'investisse pour passer au travers. S'investir oui, mais comment.

Quand il y a consommation de vitalité par ce mental qui n'en finit pas de dire "ce n’est pas assez" "faut en faire plus" "et, si ce n'était pas satisfaisant", il ne peut y avoir de réelle satisfaction. Alors, les personnes ne peuvent pas refaire le plein. Elles continuent encore et encore cherchant à  atteindre la cible, la prochaine cible et l'autre, sans relâche.

Finalement, elles ont l'impression d'être comme des "bêtes de somme".  Jamais de répit, chaque jour se ressemble. Ainsi, la vie prend des couleurs d'épuisement.

Si ce n'était que pour elles, les dommages seraient à tout le moins contenus, mais non. Elles seront intolérantes, à un degré différent, avec  leur partenaire de vie, leurs enfants, leurs collègues, etc.

Voyons un peu certaines manifestations du perfectionnisme: quand ces personnes préparent une activité, il n’y a pas de fin. Quand elles magasinent, elles recherchent le détail du détail.  Quand elles accomplissent un travail de bureau, un rapport, une intervention, il manque toujours un "p'tit plus", etc.  Rien n'est jamais facile. Rien ne coule agréablement. Elles analysent, scrutent. Elles anticipent et tentent de plaire, anticipant les attentes de tous. Elles tentent de contrôler même ce qui est hors de leur contrôle comme si elles étaient des PDG de l'univers.

Se prendre ainsi au sérieux, c'est très oppressant
.
"Encourager une société visant le bonheur total, c'est fabriquer une civilisation de la peur."  Eric G. Wilson

Mercredi: La déception

On entend si souvent cette vérité:  ce sur quoi on porte son attention se développe.

Maintenant, les recherches en physique quantique prouvent les fondements liés à l'énorme pouvoir de la concentration.

Imaginez maintenant que vous êtes allés au cinéma. Le film à l'affiche vous a déplu au plus haut point. Il était mauvais et a suscité différentes émotions pas du tout agréables.

Retourneriez-vous le voir? Si votre réponse est négative.

Pourquoi, vous faites-vous du mauvais cinéma en imaginant différentes situations problématiques, les ressassant sans cesse mettant en vedette "vos malheurs, vos peurs, vos inquiétudes"?

Vous êtes pleinement et totalement responsables de vos états intérieurs. Quand vous alourdissez quelque chose qui est déjà pénible, le résultat sera que vous allez vous sentir plus mal, et pourtant... Plus vous focalisez, repassez en boucle votre cinéma, en parlez, en faites votre centre d'intérêt, plus votre réalité est tissée de négatif.

Vous êtes comme l'araignée qui tisse sa toile et vous vous emprisonnez dans celle-ci. Ce faisant, moins vous trouvez de solutions, d'énergie, de créativité pour vous en sortir. Vous pouvez changer les choses quand ça va mal, même quand ça va très mal.

Amenez votre attention sur ce qui peut vous remonter le moral. Devenez un  projectionniste choisissant les films toniques qu' il se projette. Concentrez votre attention sur ce qui allège votre situation, sur ce qui va vers des solutions et remplit votre coeur de joie et de sérénité.

Essayez pour voir.
 
Mardi:  Le châtiment du perfectionnisme