Ce fait vécu (Inspiré d’un billet publié dans l'édition de Mars du Magazine Métropolis) est très parlant, prenez s.v.p. quelques instants pour le lire.
Le matin du 12 Janvier 2007, le Washington Post réalisa une expérience inédite dans le hall d'une station de métro à Washington.
A la station l'Enfant Plaza, un violoniste installé en haut de l'escalator s'apprêtait à jouer six morceaux de musique classique pendant 43 minutes.
Personne ne le savait, mais cet homme qui pouvait aisément passer pour un musicien de rue était en réalité Joshua Bell, un violoniste virtuose parmi les plus brillants au monde, sur le point de jouer six pièces classiques parmi les plus élégantes qui aient jamais été écrites, sur un Stradivarius Gibson fabriqué en 1713, d'une valeur de 3,5 millions de dollars.
Combien de personnes se rendant à leur travail dans ce matin froid de janvier allaient s'arrêter et remarquer le talent du maestro Joshua Bell ?
A la veille de l'expérience, différents experts furent consultés pour répondre à cette question. Et dans le pire des scénarios, misant sur l'excellence de Joshua Bell, Leonard Slatkin, directeur du National Symphony Orchestra, prédit qu'au moins 75 personnes devraient s'arrêter. Dans le pire des scénarios, le musicien devait récolter au moins 150 $ de la part des passants en récompense de son talent.
Le jour dit, Joshua Bell a joué trois quarts d'heure. Sur les 1087 personnes qui sont passées, seules 7 s'arrêteront quelques instants. Il recevra 32 dollars - dont 20 dollars laissés par l'unique personne l'ayant reconnu.
Les rédacteurs de cette expérience concluent ainsi : "Dans un environnement ordinaire, à une heure inappropriée, sommes-nous capables de percevoir la beauté, de nous arrêter pour l'apprécier, de reconnaître le talent dans un contexte inattendu ?"
Mais quelque chose d'encore plus stupéfiant s'est passé ce matin là.
Rien ne permet de distinguer les personnes qui se sont arrêtées pour écouter Joshua Bell ou celles qui ont donné de l’argent, de celles qui sont passées sans le voir. Pas de modèle démographique type : hommes ou femmes, jeunes ou vieux, blancs, noirs ou asiatiques, toutes les catégories sont représentées. Seule une catégorie s’est fait remarquer en s’arrêtant de façon systématique : ce sont les enfants.
Dès qu’un enfant passait, il cherchait à s’arrêter pour écouter la musique. Et aussitôt son parent le tirait par la main pour avancer.
Les enfants ont un don incroyable par rapport aux adultes : ils ont le pouvoir de s’émerveiller. Et je pense que ce que cette expérience démontre, c'est qu'avec le temps, en devenant adulte, nous perdons cette capacité à nous émerveiller.
Au coeur du Washington fédéral, un vendredi tôt le matin, la très grande majorité des gens qui sont passés devant Joshua Bell devait être composée de personnes bien éduquées. Ils étaient certainement diplômés de brillantes écoles américaines, et devaient avoir sans doute des titres impressionnants sur leur carte de visite : conseillers, consultants, facilitateurs, gourous, experts, ...
Mais personne au cours de ses études n'avait été préparé à croiser un talent au coin de la rue. Aucun pour imaginer qu'un génie puisse être vêtu d'un jean, d'un T-shirt à manche longue et d'une casquette de baseball.
Trois jours avant cette expérience, Joshua Bell jouait sur la scène de l'opéra de Boston, dans une salle bondée, où le siège coûtait 100 $. Ce jour là, il avait choisi de raconter la bonne histoire.
Notre principal défi est d’être à l’écoute. Que manquerez-vous aujourd’hui en étant trop absorbés et en oubliant de vous émerveiller, retrouvant ainsi votre cœur d’enfant?
Demain le billet portera sur : Qui a la responsabilité de« colorer » sa vie?
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